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Thandiwe Muriu, l’Afrique dans ses plus beaux atouts

Thandiwe Muriu est une photographe basée au Kenya. Avec sa série Camo, elle met en lumière les beautés noires ainsi que les cultures du continent africain avec des tissus qu’elle utilise comme toile de fond. Rencontre.

« Ma carrière m’a conduit à la photographie publicitaire et commerciale que j’apprécie particulièrement. J’avais néanmoins envie de réaliser un travail plus créatif »

 

Thandiwe Muriu portrait

Thandiwe Muriu portrait

 

 

 

 

 

 

 

Thandiwe, j’ai lu que vous avez commencé la photographie très jeune avec le soutien de votre père. Parlez-nous de vos débuts…

 

J’ai commencé à 14 ans lorsque mon père nous a appris à ma sœur et moi à utiliser un appareil numérique. J’ai toujours eu la fibre artistique mais je ne savais pas comment l’exploiter.

Je ne savais pas dessiner, ni peindre, par exemple, mais lorsque j’ai eu un boîtier entre les mains j’ai tout de suite senti qu’il se passait quelque chose.

Chaque jour, après l’école je me précipitais à la maison pour finir mes devoirs et prendre des photographies des nuages, des fleurs et de tout ce que je pouvais avant que la lumière ne décline.

Ma sœur aînée collectionnait les numéros de Vogue et au fil du temps, j’ai eu envie de reproduire les images que je voyais sur leurs couvertures.

J’ai fini par convaincre mes sœurs d’être mes modèles. J’utilisais alors des draps en guise de fond et du papier aluminium comme réflecteur.

 

Comment êtes-vous passée de ces images plutôt intimistes à des photographies professionnelles ?

 

J’ai posté ces images sur Facebook et un an après une personne m’a contactée afin de savoir combien je facturai pour une séance photo. Je me suis alors dis « Wow ! Je peux vraiment être rémunérée pour ça ? ».

À ce stade, je ne savais pas que je pouvais faire de la photographie mon métier mais j’étais ravie d’être rémunérée pour faire ce que j’aimais. C’est à ce moment que ma carrière a vraiment commencée car tout en étant à l’université, j’avais un flux constant de clients.

Et j’ai fini par avoir assez d’économies pour acheter mon premier appareil photo. Après mon diplôme de marketing, j’ai hésité à poursuivre dans cette voie.

Mon père m’a alors dit « Si tu aimes faire de la photographie, pourquoi envisagerais-tu de faire autre chose ? ». Ça a été LE déclic. Des portraits, je suis passée à de la photographie corporate puis j’ai évolué vers la photo publicitaire que je pratique encore aujourd’hui.

 

Entre le portait et la photographie publicitaire, comment définiriez-vous votre style ?

 

Mon style est épuré et coloré. Je dirais que c’est du portrait contemporain mais avec une forte influence de la mode.

 

Quelle sont vos sources d’inspiration ?

 

Je puise mon inspiration dans mon environnement. Il y a tellement de choses autour de moi qui me donnent des idées, que ce soit la façon dont est utilisé un objet, les couleurs d’un coucher de soleil ou les travaux d’autres créatifs. Il y a aussi les tissus.

Au Kenya et en Afrique, de manière plus globale, nous avons aussi une culture riche du textile. Nos tissus sont aussi colorés que les personnes qui y vivent ou que leurs histoires que l’on retrouve parfois sur ces pièces.

Un jour, j’en ai même trouvé à l’effigie de bagues de fiançailles et de téléphones portables ! Sur certains tissus on retrouve aussi des dictons et des proverbes : il y a en a qui sont discrets et d’autres plus audacieux et agressifs.

Certaines pièces peuvent aussi être timides ou au contraire enjouées. J’ai vraiment l’impression que chaque motif a sa personnalité. Quand je me procure du tissu, je cherche quelque chose qui semble vivant et audacieux, quitte à ce que ça paraisse confus de prime abord.

Dans mes images, ils servent de fonds avec lesquels je peux célébrer ma culture. C’est une toile accueillante qui me permet de mettre en valeur mes compatriotes Kényans.

 

Votre série Camo met en lumière des portraits de femmes africaines tout en sublimant le cheveu et la culture « afro ». Quelle est la genèse de cette série ?

 

Comme je l’expliquais tout à l’heure, ma carrière m’a conduit à la photographie publicitaire et commerciale que j’apprécie particulièrement. J’avais néanmoins envie de réaliser un travail plus créatif. Sur les conseils d’un collègue j’ai commencé cette série.

C’était à la fois une façon de photographier ce qui me tenait à cœur tout en créant mon propre style, en tant qu’artiste. La série s’intitule Camo car le sujet de chaque image se fond dans le décor.

Ce qui est assez ironique car je veux que les modèles se démarquent. Je voulais célébrer tout ce contre quoi j’ai pu lutter dans ma propre vie : mes cheveux, ma peau et mon identité de femme moderne ayant baigné dans une culture traditionnelle.

Avec cette série, j’avais aussi envie de mettre en valeur nos tissus africains. Cependant, j’ai réalisé qu’au-delà de cela, il y avait des choses plus profondes à raconter sur nos cultures.

Nous portons souvent des tresses ou nous nous lissons les cheveux avec des produits chimiques alors que nous avons une tradition de coiffures riches et architecturales qui sont en train d’être oubliés.

En tant que Kényans et qu’Africains, nos coiffures sont une part unique de notre culture que je ne voudrais pas voir se perdre.

J’ai donc décidé de l’incorporer dans ce travail afin de montrer la façon dont ces coiffures traditionnelles peuvent être portées de nos jours.

J’aime appeler cela la « modernisation de l’histoire » : je puise dans notre patrimoine afin d’apprendre aux générations futures des éléments de notre passé. Nos peaux foncées sont l’une de nos caractéristiques et avec cette série je veux aussi encourager les jeunes filles à la célébrer.

Camo aborde toutes ces thématiques profondes de manière ludique et accessible.

 

Comment avez-vous pensé vos compositions ?

 

Les objets que je mets en scène dans mes images sont ceux que j’utilise au quotidien depuis mon enfance. Avant moi, ma mère et probablement ma grand-mère, ont également utilisé ces mêmes outils tout au long de leurs vies. 

Ils sont une composante importante de la culture de la beauté. J’en ai utilisé de toute sorte pour les photographies que ce soit des capsules de bouteilles ou des peignes en plastique.

Il faut savoir que les Kényans sont très débrouillards et il leur arrive souvent de détourner la fonction première d’un objet.

Les miroirs, par exemple sont à la base utilisée pour se mirer mais ils servent aussi de rétroviseurs, une fois fixés sur un vélo ou d’ornementation sur la tenue d’un guerrier Massai. Cet aspect, m’a beaucoup inspiré.

Les lunettes d’une photographie de la série Camo, par exemple, ont été confectionnées avec des épingles à cheveux tandis que les éléments de la chevelure que nous voyons sur un autre cliché sont réalisés avec des capsules de bouteilles de sodas qui sont directement liés à ma culture.

Dans la tribu Kikuyu, par exemple, lorsqu’une femme se marie, les sodas jouent un rôle majeur car si la future mariée consent au mariage, elle en offre un verre à sa future belle-famille lorsque son fiancé vient lui demander sa main de manière officielle. 

Il s’agit de bouteilles en verre et non de canettes ou de bouteilles en plastique. Parfois, j’ai utilisé des morceaux de peigne en plastique en guise d’accessoire pour cheveux. 

Au Kenya, ces peignes sont quotidiennement utilisés aussi bien par les hommes que par les femmes pour se coiffer. On les retrouve dans tous les foyers.

 

Quel matériel privilégiez-vous pour vos prises de vue ?

 

J’ai toujours utilisé des boîtiers et des optiques Nikon. Actuellement je travaille avec un D850.  Mon objectif de prédilection est le 24-70 mm f/2,8, que je trouve aussi solide que performant.

Pour ce qui est de la retouche, j’utilise Capture One et Photoshop. Le premier me sert dès la prise de vue tandis que le second me permet de gérer les couleurs et à peaufiner mes images en post-production.

 

Vous avez longuement évoqué le Kenya, votre pays d’origine. Quelle est la place de la photographie dans ce pays ?

 

La photographie au Kenya est en pleine essor et le nombre d’auteurs créatifs explose. Nous commençons à envisager des carrières dans des secteurs moins conventionnels tels que la musique, l’art, la photographie ou le théâtre.

Il y a un nombre grandissant de personnes qui s’intéressent à la création d’images et à la mise en valeur de notre culture et qui souhaitent évoquer des problématiques dont on parle moins.

Nous avons toujours eu une histoire forte liée au photojournalisme et là de nouvelles perspectives s’ouvrent à la photo créative et artistique.

 

Selon vous, comment la place des femmes photographes évolue-t-elle ces dernières années ?

 

De plus en plus de plate-formes permettent aux femmes photographes de s’aventurer dans des domaines dans lesquels elles ne s’aventuraient pas. Ce qui offre de nouvelles perspectives.

Les hommes et les femmes voient le monde de manières différentes et avoir plus de femmes photographes permet d’avoir un autre regard et de raconter d’autres histoires.

 

Les jeunes photographes issus de pays Africains sont aussi de plus en plus représentés dans le monde, comme à Paris avec la 193 Galerie, par exemple. Comment interprétez-vous cet intérêt ?

 

En tant qu’artistes et photographes africains, nous avons la possibilité de partager notre vision du monde avec tous ceux qui interagissent avec notre art et de montrer ce que nous aimons, ce que nous voyons ou les défis quotidiens du continent.

C’est assez facile de se concentrer sur les manques : c’est-à-dire sur les besoins et sur la pauvreté.  Se focaliser que sur ces aspects peut facilement nous faire oublier les richesses et les cultures de l’Afrique. Il y a des personnes et des histoires merveilleuses ici.

Je pense que c’est ce qui est intéressant et que nous avons été capables de mettre un coup de projecteur sur d’autres aspects tels que l’humour, la beauté, la persévérance et la diversité du continent.

 

Quels sont vos projets ?

J’aimerais poursuivre la série Camo. Il y a tellement de textiles que je souhaiterais célébrer. En parallèle, je continue a explorer de nouvelles façons de m’exprimer en tant qu’artiste avec d’autres projets personnels. J’ai déjà beaucoup d’idées…

Pour découvrir notre sélection d’équipements de photographied’optiquesde matériel vidéode sonde dronesde trépiedsde bagageriede solutions de stockaged’énergiede flashsde produits de téléphonie multimédia, ainsi que des articles d’occasion, rendez-vous sur la page de Phox.fr

 

 

 

Retrouvez tout l’univers et le travail de Thandiwe Muriu sur son profil instagram : @thandiwe_muriu

L'Avis de Phox

En tant qu’enseigne experte en photographie, nous sommes profondément touchés par la série Camo de Thandiwe Muriu. Son approche unique, qui utilise le textile comme élément central pour célébrer la beauté et la culture africaine, nous rappelle que la photographie va bien au-delà de la simple capture d’images. Elle est un puissant moyen d’expression personnelle et culturelle. Thandiwe nous montre comment la photographie peut servir de pont entre les traditions et le monde contemporain, en valorisant les racines et les identités. Son travail est une source d’inspiration pour tous les photographes qui aspirent à raconter des histoires profondes et significatives à travers leurs œuvres. Chez Phox, nous sommes convaincus que chaque photographe a une voix unique, et le travail de Thandiwe renforce notre engagement à fournir les outils nécessaires pour que cette voix soit entendue. Son utilisation du D850 de Nikon démontre également l’importance de choisir un équipement capable de transmettre avec fidélité la vision de l’artiste. Son œuvre est un rappel éloquent de la puissance de la photographie en tant que forme d’art capable de transcender les frontières et de célébrer l’humanité dans toute sa diversité.

D’ailleurs, voulez-vous découvrir en détail la photographie ?

Appareils Photo pour Photographie Culturelle

Dans le monde vibrant de la photographie culturelle, comme illustré par Thandiwe Muriu, l’importance d’un équipement adapté ne peut être sous-estimée. Les appareils photo reflex et hybrides, avec leur large gamme de fonctionnalités, offrent aux photographes la flexibilité nécessaire pour capturer avec précision la richesse des couleurs, des textures et des émotions. Chez Phox, nous recommandons des modèles tels que le Nikon D850, utilisé par Thandiwe, pour sa résolution exceptionnelle et sa capacité à restituer les détails les plus fins des tissus africains et des portraits. La sélection d’un appareil adapté à la photographie culturelle est cruciale pour ceux qui, comme Thandiwe, cherchent à explorer et à célébrer la diversité à travers leurs objectifs. Nous proposons une gamme d’appareils photo qui répondent à cette quête de créativité et d’authenticité, permettant ainsi de travailler le maillage interne vers nos catégories dédiées aux appareils photo.

À vous, nos chers passionnés de l’image, chez Phox, nous avons à cœur de partager avec vous bien plus que des produits : une véritable invitation à capturer chaque moment magique de la vie. Notre boutique déborde de trésors pour tous les amateurs de photographie et de vidéo, des derniers gadgets high-tech aux accessoires indispensables qui rendront chaque prise unique. Alors, n’hésitez pas à flâner parmi nos étagères virtuelles

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