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100 photos pour la liberté de presse, 30 ans d’albums

Reporters sans Frontières célèbre le trentième anniversaire de la publication de son premier album. En guise de clin d’œil, ce soixante-neuvième opus met en lumière le travail du photojournaliste Patrick Chauvel, qui figurait en couverture du numéro 1. Tout un symbole.

 

Retrouvez l’intégralité des témoignages et récits dans l’album #69 : 100 photos de Patrick Chauvel pour la liberté de la presse 9,90 €

Viêt Nam, 1969. Opération Apache Snow. Une section du 187e régiment d’infanterie dans la vallée d’A Shau doit reprendre la colline 937, plus connue sous le nom de Hamburger Hill

Tchétchénie, 1996. Petite fille sur un char russe détruit par les combattants tchétchènes à Grozny.

Le premier Album RSF paru en avril 1993.

Salvador, 1980. Une femme enceinte fuit les tirs avec ses enfants lors des obsèques de l’archevêque Romero.

Erythrée, 1975. Combattante du Front de libération de l’Erythrée.

Irak, 2016. Explosion d’une voiture kamikaze à l’avant d’une colonne de la Division d’or qui progresse dans Mossoul face à l’Etat islamique. Au premier plan, Antoine Chauvel, fils de Patrick.

 

Un jeune homme aux cheveux bouclés, le regard dans le vide, gravement blessé, en train d’être évacué, appareils au cou.

Nous sommes au Cambodge, en 1974. Patrick Chauvel, victime d’un éclat d’obus de mortier, lors d’un assaut près de Phnom Penh, doit être rapatrié en France.

Cette image noir et blanc paraît en Une du premier album de la collection « 100 Photos pour la liberté de la presse », en avril 1993.

Depuis ses premiers pas sur les terrains de guerre en 1967, Patrick Chauvel n’a cessé de couvrir les conflits autour du monde. Toujours au plus près des combats.

L’auteur de Rapporteur de guerre est tombé dans la marmite de l’actualité et du reportage dès l’enfance ; son père, Jean-François Chauvel, est correspondant de guerre, son oncle, Pierre Schoendoerffer, réalise des films engagés sur la présence française en Indochine comme la 317ème section ou Diên Biên Phu (long-métrage dans lequel joue Patrick Chauvel) ; et bien sûr, les écrits et récits du charismatique écrivain Joseph Kessel, ami de la famille Chauvel, achèvent de convaincre le jeune homme de partir à l’aventure à son tour, pour témoigner de l’état du monde.

 

Première expérience

 

Son premier reportage est un échec cuisant. Il couvre la Guerre des Six Jours en 1967, alors qu’il n’a que 17 ans.

Lors de son retour au bercail, il se rend compte que les clichés qu’il a pris sont pour la plupart totalement ratés.

L’année suivante, il part au Vietnam, aux côtés des soldats américains (cette expérience au sein des troupes US lui inspire le récit Sky, publié en 2005) et parvient à vendre des photos à Associated Press et Reuters.

Puis il est engagé par Sipa, en 1970. Une époque dorée pour les photojournalistes, qui sautent d’un avion à l’autre. Chauvel se trouve ainsi en première ligne lors des émeutes en Irlande du Nord, tout en revenant au Vietnam, en passant par la guerre d’indépendance au Mozambique.

La grave blessure, subie au Cambodge en 1974, immortalisée sur le premier numéro de « 100 Numéros pour la liberté de la presse », ne tempère pas son envie de rallier les zones de conflits. Il intègre l’agence Sygma un an plus tard et devient un collaborateur de Newsweek.

Il témoigne des guerres d’indépendance en Érythrée, en Angola, se rend au Liban, où il est fait prisonnier, trois ans plus tard.

Zaïre, Iran, Nicaragua, Salvador… Sa vie est rythmée par les révoltes et guerres qui se déroulent sur tous les continents. Toujours fidèle à l’adage de Robert Capa, il en témoigne, au plus près du sujet.

Quitte à finir en prison, à nouveau, au Cambodge cette fois, et frôler une exécution. Ou être grièvement blessé par l’armée américaine, au Panama, dans les années 80 ; avant de faire naufrage au côté de boat-people haïtiens en 1991.

Lorsque la guerre éclate en 1992, dans ce qui est alors la Yougoslavie, il se rend à Sarajevo, cernée par l’armée serbe jusqu’en 1995.

 

De la photographie au récit documentaire

 

Ce terrible chapitre lui inspire un film vingt ans plus tard : Le siège, réalisé avec le grand reporter du Monde, Rémy Ourdan.

Il est présent en Tchétchénie, à l’hiver 1995, lors de l’offensive russe. Il quitte l’agence Sygma et se lance dans l’écriture documentaire, proposant des films sur les violences faites aux femmes en Algérie, le conflit israélo-palestinien, les traumatismes des enfants tchétchènes, l’Afghanistan…

En 2009, il préside le Festival des correspondants de guerre de Bayeux et dévoile son exposition Guerre-ici : des photomontages assumés, superposant des images prises en zones de guerre, avec des scènes de la vie quotidienne dans des sociétés occidentales pacifiées, pour souligner la proximité des guerres, bien qu’elles soient perçues comme lointaines (lire page 4 dans ce numéro).

Un an plus tard, il collabore au projet Condition One : une immersion visuelle, au travers de caméras capables de filmer à 180°, un procédé qui lui permet de couvrir le Printemps arabe en Égypte et en Libye notamment.

En 2014, il crée le Fonds Patrick Chauvel, qui présente l’ensemble de son œuvre et invite à réfléchir sur le métier de reporter de guerre. Le fonds Patrick Chauvel ouvre au Mémorial de Caen en 2020.

Entre-temps, il retourne sur le terrain et couvre la bataille de Mossoul en Irak, en 2016, avec son fils, Antoine Chauvel, qui marche dans les pas de son père, appareil photo en main.

Trois ans plus tard, il est présent dans les tranchées, dans le territoire du Donbass, et en Syrie. Il y a quelques semaines, il a été témoin de l’invasion russe en Ukraine, survenue le 24 février 2022.

Tel un « personnage de roman », figure à laquelle le compare le journaliste Adrien Jaulmes dans le numéro 69 de la collection « 100 photos pour la liberté de la presse » qui lui est consacré, Patrick Chauvel, continu « d’aller où les autres ne peuvent pas aller », comme le souligne un autre immense photojournaliste dans cet opus, James Nachtwey.

Et selon Rémy Ourdan, il « n’envisage jamais de décrocher ».

Vous pourrez lire les témoignages d’autres personnalités telles que le journaliste Sorj Chalandon, le mythique photographe de guerre Don McCullin ou encore l’acteur et photographe Jean-Marc Barr, admiratif du travail de Chauvel :

« Il incarne ces personnages qui m’ont inspiré dans mon adolescence, assez courageux pour affronter les murs de l’autorité et les brouillards de la guerre. Toujours prêt à se battre, la tête haute. Pour moi, Chauvel, c’est ça : un homme debout, le doigt sur le déclencheur. »

 

ODE À LA LIBERTÉ

 

« Nous fêterons cette année les 30 ans de l’Album RSF, à la fois ode incessante à la liberté de la presse et hommage réitéré à la photographie, au dessin de presse et à la bande dessinée.

Trente ans d’histoires et de reportages (de Raymond Depardon à Françoise Huguier), d’espace et de ciel (de Thomas Pesquet à Yann Arthus-Bertrand), d’émotions (de Jacques Henri Lartigue à Sabine Weiss), de nature (de Sebastião Salgado à Vincent Munier), d’humour (de Sempé à Riad Sattouf) et d’élégance (de Dominique Issermann à Peter Lindbergh). (…) Voici donc notre numéro 69.

Une collection n’est pas réductible à des chiffres, un être humain non plus, mais si Patrick Chauvel n’a en rien une gueule de statistiques, elles n’en restent pas moins sidérantes : 72 ans dont 50 sur le terrain, 34 conflits couverts par 380 000 photos et payés de 7 blessures graves dont deux l’ont laissé pour mort.

Mieux vaut ne pas décompter les amis et les proches qui ne sont pas revenus, cette page serait comme un cimetière… »

Extrait de l’édito de Christophe Deloire Secrétaire général de Reporters sans Frontières, publié dans le numéro 69 de la collection « 100 photos pour la liberté de la presse », consacré à Patrick Chauvel

 

RSF EN PREMIÈRE LIGNE POUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

 

Fondée en 1985, Reporters sans frontières œuvre pour la liberté,   l’indépendance, et le pluralisme du journalisme partout sur la planète.

Dotée d’un statut consultatif à l’ONU et à l’Unesco, l’organisation basée à Paris dispose de 12 bureaux dans le monde et de correspondants dans 130 pays.

Elle soutient concrètement les journalistes sur le terrain grâce à des campagnes de mobilisation, des aides légales et matérielles, des dispositifs et outils de sécurité physique (gilets pare-balles, casques, guides pratiques et assurances) et de protection digitale (ateliers de sécurité numérique).

L’organisation est aujourd’hui un interlocuteur incontournable pour les gouvernements et les institutions internationales et publie chaque année le Classement mondial de la liberté de la presse, devenu un outil de référence.

La vente des albums constitue une ressource essentielle pour Reporters sans frontières (30 % du budget annuel).

 

Eduardo

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