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S’équiper pour la Street Photography

La photo de rue ou « street photography » n’est pas uniquement une question d’agilité ou d’opportunisme. Elle exige une dextérité de tous les instants et quelques préceptes pour sublimer la jungle urbaine.

Le soliste JL Dabadie

Le soliste JL Dabadie

Photo : Florian Lavie-Badie

Zfc_16-50DX_3.5-6.3_front34l

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Look ravageur, plusieurs barillets de sélection verouillables pour ajuster la correction d’exposition, la sensibilité Iso ou le temps de pose… Le clin d’œil à l’emblématique FM2 est évident, mais ce Nikon Z fc est aussi un redoutable appareil photo doté d’un capteur APS-C et d’un autofocus précis. De quoi partir en excursion dans la rue.

RF24-105 BK WITH CAP FRA

RF24-105 BK WITH CAP FRA

Ce Canon RF 24-105 mm f/4L IS USM a plusieurs avantages : il offre une ouverture constante à f/4 qui permet d’être à l’aise en basse lumière et il est stabilisé et motorisé. Sa plage focale permet une grande agilité sur le terrain pour du portrait, des scènes de rue, de l’architecture… une sorte de couteau suisse trés cohérent avec les boîtiers de la gamme EOS R.

Back Pack Zip 2

Back Pack Zip 2

Ce sac fabriqué par Peak Design semble passe-partout, il est possible pourtant d’embarquer un équipement complet (boîtier + objectif) avec des accès rapides sur les côtés.

HOYA PRO ND1000

HOYA PRO ND1000

Un filtre ND est toujours précieux pour équilibrer les contrastes de lumière en pleine journée. Il permet aussi d’obtenir des vitesses lentes pour des résultats créatifs du meilleur effet.

« Deux écoles se distinguent : celle d’une pratique au contact où le chasseur d’images assume totalement son intention; l’autre, contemplative dans l’attente que quelque chose se passe ! »

« L’exercice technique que constitue une sortie photo à l’aide d’un 50 mm f/1,8 est une excellente école pour trouver sa distance au cœur de l’agitation exacerbée d’une rue »

« Le choix de l’ouverture est aussi important. Plus celle-ci est grande, plus le capteur de votre boîtier est défini, et moins les erreurs de mise au point seront pardonnées »

QUEL BOÎTIER ?
Le photographe de rue aime se faire discret pour capturer les scènes de vie urbaines les plus authentiques possibles. Deux écoles se distinguent : celle d’une pratique au contact où il assume totalement son intention; l’autre, plus contemplative, dans l’attente que quelque chose se passe! Quelles que soient ses sensibilités initiales, le choix de votre équipement dépendra de cette propension à vous jeter sereinement dans le tumulte de la rue.

Si vous êtes à l’aise au contact des gens, vous ne craindrez pas que votre appareil soit à la mesure de votre assurance. Ainsi un boîtier plein format avec idéalement une poignée pour passer d’un cadrage horizontal au mode portrait en profitant du doublement des commandes monté d’un zoom très lumineux ne sera pas un problème. Gardez à l’esprit que se faire photographier même au cœur d’un espace public est vécu comme une intrusion dans une intimité fictive. Plus vous montrerez de l’assurance et de la maîtrise dans votre démarche et mieux celle-ci sera perçue.

De même tirer le portrait en utilisant un zoom doté d’une lentille frontale imposante peut être à double tranchant : braquer votre sujet ou bien au contraire le rassurer par la dimension professionnelle de votre équipement. Dans ce contexte un objectif lumineux est précieux pour isoler un sujet avec de jolis flous d’arrière-plan. Un objectif qui ouvre à f/2,8, f/1,8 voire f/1,4 est recommandé. Au-delà, la profondeur de champ est tellement réduite que le moindre écart de mise au point est rédhibitoire et condamne toute photo prise à la volée.

À ce propos l’exercice technique que constitue une sortie photo à l’aide d’un 50 mm f/1,8 est une excellente école pour trouver sa distance dans un environnement géométrique confus et l’agitation exacerbée d’une rue. L’autre solution consiste à se rendre discret, voire invisible. Il faudra alors privilégier un équipement compact pour ne pas se faire identifier au premier déclenchement. Des focales fixes, idéalement de type pancake, sont alors un plus car leur discrétion est évidente et le fait de pointer son objectif moins intimidant. Pensez à activer le mode silencieux de votre obturateur pour éviter de troubler la quiétude d’une ambiance feutrée par un déclenchement bruyant.

Dans ce registre, un zoom transstandard (24-120 mm en plein format ou encore un 18-300 mm en APS-C) est peut-être une première étape pour trouver la distance avec votre sujet. Il permet d’isoler une scène ou un portrait dans une agitation générale qui peut s’avérer du meilleur effet. La configuration du lieu de vos prises de vue sera importante et partie intégrante de vos compositions. Elle suppose que vous ayez pris le soin de bien repérer votre terrain de jeu pour associer à vos compositions sa géométrie, sa lumière et ses contrastes, des éléments d’architecture urbaine (panneau publicitaire, nom de rue, vitrines, etc).

C’est donc une photographie très composée où vous avez réussi à vous projeter dans la visualisation d’une image finale que votre patience et votre dextérité vous permettra de réussir. Disposer d’un écran orientable dans ces circonstances est une aide précieuse. Non seulement il rend possible des cadrages originaux sans la nécessité de devoir porter votre œil au viseur. C’est redoutable pour obtenir des clichés façon Rolleiflex. Veillez à ce que cet écran soit bien défini pour repérer les zones de contraste et soit suffisamment lisible en pleine lumière.

Privilégiez également un appareil à l’aise en hauts ISO pour contourner le problème de basse lumière surtout si vous alternez entre prises de vue intérieures et extérieures. Vérifiez les paramètres de bracketing qui peuvent résoudre des problèmes d’exposition grâce à l’enregistrement simultané d’un fichier avec plusieurs valeurs d’exposition. Optez aussi pour un capteur plutôt bien défini (24 Mpxl est une bonne moyenne) car il n’est pas rare, malgré toute la meilleure anticipation de constater lors de l’éditing un élément indésirable dans la composition.

Le street photographer est aussi habile devant l’écran de son ordinateur quand il s’agit de recadrer son image pour rendre sa composition plus impactante. Le choix d’un boîtier au look vintage (Olympus OM-D, Fujifilm X ou le récent Nikon Z fc…) rappelant des modèles emblématiques peuvent être également un moyen de nouer le contact par la nostalgie spontanée qu’il procure (nous avons tous eu un parent dont le reflex a rythmé les anniversaires de notre enfance…).

L’appareil provoque le contact, rassure votre interlocuteur. En conclusion, le meilleur boîtier est celui qui se mue comme un véritable prolongement de votre propre aisance et de votre personnalité et celui dont vous maîtrisez totalement les réglages.

QUEL OBJECTIF ?
Là encore c’est une affaire de sensibilité. Les street photographers les plus orthodoxes ne jureront que par les focales fixes où leurs compacités font merveille. C’est l’héritage des plus grands maîtres du genre (Doisneau, Cartier-Bresson, Erwitt, Klein, Winogrand…) qui ne juraient que par l’emploi de tels outils. Il est communément admis qu’un 50 mm est la focale la plus naturelle de la perception de l’œil humain.

Ce qui ne veut pas dire que ce dogme est incontournable. Il existe sur le marché de petits zooms très compacts, notamment sur le segment de la monture Micro 4/3, qui sont fantastiques sur le terrain à condition de s’affranchir d’une profondeur de champ plus étendue. Le choix de l’ouverture est aussi important. Plus celle-ci sera grande et plus le capteur de votre boîtier sera défini et moins les erreurs de mise au point seront pardonnées.

De fait on déconseillera aux néophytes les récents objectifs qui proposent des ouvertures à f/1 ou f/1,2 et nécessitent une dextérité affirmée voire une retouche manuelle du point. C’est toujours une épreuve frustrante que de devoir renoncer à de jolis clichés parce que le bokeh n’est pas celui que vous espériez. Faut-il pour autant renoncer à employer plusieurs objectifs ? La réponse est non ! Si vous optez pour un appareil à objectif interchangeable, c’est bien pour profiter de la modularité de votre équipement et faire face à une multitude de situations.

Ainsi l’emploi d’un 85 mm à grande ouverture (f/1,8) est précieux pour réaliser un portrait, même dans la rue. La démarche nécessite de faire preuve de l’aplomb nécessaire pour faire poser son modèle. La faculté de ces objectifs à magnifier les détails d’un visage est indéniable. Il permet souvent d’introduire une narration diversifiée. La photo de rue ne se résume pas seulement à une succession de scènes cocasses; le fait d’employer différentes focales pour multiplier les perspectives sont d’un grand recours.

Dans le N°9 du Mag Photo, Nikos Aliagas confiait sa fascination lorsqu’il photographie les mains de ses sujets. Il y distingue la dimension unique d’une personnalité. À ce propos la distance de mise au point minimale de votre objectif est une donnée fondamentale pour symboliser cette interprétation. Veillez à ne pas employer des focales trop typées.

Les ultra grand-angles ont tendance à déformer les perspectives. L’ emploi d’un grand-angle comme un 15-35 mm ou un 14-24 mm offre un champ suffisamment large pour embrasser une scène où l’environnement va servir de contexte. C’est d’autant plus judicieux que les corrections optiques associées au profil des objectifs caractérisés dans les logiciels de retouche récents sont d’une efficacité redoutable.

QUOI D’AUTRE ?
N’oubliez pas qu’en tant que photographe de rue, vous allez couvrir des distances importantes et que le matériel que vous utiliserez va conditionner votre agilité. Il faut donc porter un soin particulier au choix de votre sac. Ce dernier doit permettre un accès rapide à votre matériel tout en assurant une protection contre les chocs… et les vols.

Dans l’action on n’est jamais assez méfiant face aux désagréments d’une cité urbaine. Il existe plusieurs options : le sac besace, identitaire du reporter, mais aussi des sacs à dos dont la conception récente ont permis des accès variés grâce à des ouvertures latérales par le simple fait de faire coulisser une bretelle pour basculer le sac sur son abdomen : les fameux sacs « sling ». Quel que soit votre choix, pensez à bien organiser votre sac. Il est hors de question de perdre du temps à chercher l’optique idoine dans votre fourre-tout.

C’est inefficace et cela peut engendrer la perte de son matériel. Le fait de disposer de poches latérales ou d’étuis qui viennent agrémenter la contenance initiale de votre sac est une option. De nombreux fabricants ont amélioré la modularité de leurs sacs par l’ajout de rabat et de systèmes de fixation pour personnaliser votre équipement. Ils seront utiles pour y glisser un objectif. De même, accéder à vos cartes mémoire en un tour de main est un atout.

Dans la rue on déclenche à foison et il est nécessaire de changer ses cartes surtout si vous optez pour un double enregistrement qui loge sur une carte vos fichiers Jpeg et sur la seconde vos fichiers Raw. Votre équipement de base pourra être complété d’accessoires comme une poire soufflante, un stylo (Lenspen) pour nettoyer la lentille frontale de vos objectifs voire un chiffon sec en microfibre pour ne pas rayer les précieux verres de vos optiques. Enfin en voyage, n’hésitez pas à vous munir d’une bombe à air sec pour nettoyer votre capteur le soir dans un endroit à l’abri du vent.

Celle-ci restant à demeure au cas où évidemment ! La rue est un théâtre souvent poussiéreux et si vous utilisez un hybride, restez conscient que votre capteur est particulièrement exposé aux poussières et pourrait être affecté d’une impureté tenace. Enfin quelques filtres glissés dans l’interstice d’une poche intérieure sont bien utiles sous certaines latitudes pour lutter contre des lumières dures de milieu de journée pas toujours évidentes à dominer avec une simple correction d’exposition.

Ces filtres (ND et polarisants) sont aussi précieux pour augmenter les micro contrastes, affirmer les tonalités, révéler des détails. En guide de conclusion et si la vidéo doit venir compléter votre récit photographique, l’emploi d’un stabilisateur pour filmer en mode « caméra au point» à la première personnes est indispensable.

Cela peut être aussi détourné de son usage premier pour réaliser des autoportraits à mains levées. Ce panorama basique devrait vous permettre de faire vos premières armes en street photography sans craindre les difficultés d’un exercice qui devra mettre en lumière votre instinct et votre sens de l’anticipation avant tout !

CONFIGURATION N°1
MOINS DE 1 400 €
NIKON Z fc + NIKKOR Z 28 mm f/2,8 (SE) + PEAK DESIGN Everyday Sling (5L, Sage) APS-C
Achetez cet équipement pour 140 € / mois*
*Voir conditions en magasins

CONFIGURATION N°2
MOINS DE 1 800 €

OM-D E-M10 Mark IV + M.ZUIKO DIGITAL ED 12-45 mm f/4 PRO + RONIN RSC2 Micro 4/3
Achetez cet équipement pour 180 € / mois* *Voir conditions en magasins

CONFIGURATION N°3
MOINS DE 3 500 €

SONY Alpha 7c + SONY FE 50mm f2.5 G + SONY FE 85 mm f/1,8 G 24×36
Achetez cet équipement pour 350 € / mois* *Voir conditions en magasins

CHOISIR UN BOÎTIER DISCRET ET RÉACTIF
Si tous les boîtiers sont en mesure d’être utilisés en photo de rue, privilégier la discrétion et des appareils compacts reste un atout pour se dissimuler et opérer au milieu d’une foule. Le photographe de rue est aussi un marcheur invétéré.

Il n’est pas forcément judicieux de charger la mule pour un bénéfice discutable mais surtout un plaisir entaché d’un équipement lourd et encombrant à transporter. La seule intransigeance concerne la réactivité de l’autofocus voire de la mise en route de l’appareil. Avec toute cette électronique embarquée, la gestion de l’autonomie est un enjeu de tous les instants. Pensez à vous munir d’un second accu au cas où !

LE NOIR ET BLANC, INCONTOURNABLE ?
Le débat est sempiternel. Faut-il absolument choisir le noir et blanc quand on pratique la photo de rue ? Si les grands maîtres du genre, du fait des limitations technologiques de l’époque, ont largement influencé ce choix artistique par leurs clichés, il n’est pas convenu de marcher strictement dans leurs pas.

Il existe de grands faiseurs d’image qui ont embrassé l’approche coloriste pour photographier une ville. La vérité est que le noir et blanc intime une dimension plus subjective et mystérieuse pour le spectateur. Le photo-graphe, dans son rapport au monde et sa réalité aurait tort de s’en priver. Il existe une autre raison plus pragmatique à la généralisation des clichés monochromes.

Ce traitement favorise les zones de contraste d’une image, en souligne le relief et parfois la texture; le regard est plus poétique ou dramatique selon le traitement opéré. C’est aussi un moyen de récupérer une image qui paraîtrait trop morne en couleurs !

LES FILTRES ND
L’usage d’un filtre classique peut paraître d’un autre temps. Il est pourtant bien utile pour s’économiser une post-production longue et fastidieuse derrière l’écran de son ordinateur. N’oubliez que les filtres actuels sont le résultat de vraies prouesses technologiques à l’aide de verre haut de gamme pour offrir un traitement mesuré et naturel.

Les filtres ND sont souvent utiles pour diminuer l’écart de contraste entre deux plans d’une image. Cela arrive souvent en photo de rue où il existe un jeu perpétuel entre ombres et lumières qu’il est souvent difficile de bien exposer. En vous appuyant sur ces fameux filtres, vous gagnerez en efficacité d’autant qu’ils sont aussi utiles pour obtenir des vitesses suffisamment lentes pour simuler un mouvement par un flou de bougé précieux et destiné à cet effet.

PHOX LE MAG PHOTO N°2
Vous souhaitez allez plus loin ? Nous vous invitons à découvrir le N°2 du PHOX Le Mag Photo, le complément pratique du Guide que vous tenez entre vos mains. Vous y découvrirez un dossier complet dévoilant les meilleures techniques de prise de vue à mettre en œuvre quand on s’adonne à la street photography.

Ce numéro est encore disponible gratuitement en version numérique via l’application sur l’App Store ou Google Play. Le Mag Photo est aussi distribué chez votre magasin PHOX préféré, en version papier.

Pour découvrir notre sélection d’équipements de photographied’optiquesde matériel vidéode sonde dronesde trépiedsde bagageriede solutions de stockaged’énergiede flashsde produits de téléphonie multimédia, ainsi que des articles d’occasion, rendez-vous sur la page de Phox.fr

Eduardo

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