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Laziz Hamani, l’Art sublime en toute chose

Rencontrer Laziz Hamani est un privilège tant ses mots sont rares et son temps est précieux. Photographe des plus grandes marques du luxe à travers le monde, il nous reçoit dans son studio à Paris pour parler photographie. Forcément c’est lumineux !

Laziz Hamani

Laziz Hamani

 

Laziz Hamani est un photographe aux multiples facettes comme en témoigne cette camapgne réalisée en faveur de la Surfrider Fondation

 

 

 

 

« Ma rencontre avec Roland Champseit m’a permis de m’émanciper grâce à l’art et la culture »

« La lumière, en photographie, est fondamentale parce que c’est elle qui révèle l’essence des choses »

« J’aime le défi qui se cache derrière la commande d’un client. Il te force à regarder les choses différemment »

Vos paroles sont rares dans les médias tandis que vos photographies s’affichent sur tous les murs et magazines du monde, qui est Laziz Hamani ?

C’est vrai, je m’exprime rarement et je ne suis pas un adepte des réseaux sociaux dont je ne comprends ni la logique, ni la finalité. C’est au final beaucoup de bruit et une exposition qui nuit à la réflexion et au recul nécessaire que l’on doit avoir sur les choses, et son travail en particulier. Je suis un photographe totalement autodidacte.

Cette vocation est née d’une passion précoce, à l’âge de 12 ans. J’ai appris dans un club photo à Champigny sur Marne avec Roland Champseit, qui fut un père spirituel. Ma rencontre avec cet homme remarquable m’a permis de m’émanciper grâce à l’art, la culture, et la photographie en particulier.

Elle a été déterminante dans ma vie d’homme. Et de fil en aiguille je suis devenu photographe de pub pour de grandes marques de luxe, parmi les plus prestigieuses. Tout a commencé ainsi.

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Comment devient-on ce photographe de réputation mondiale quand on débute sans bagage dans un club photo ?

Par passion. La culture, l’art et l’image ont été une voie salvatrice car j’étais en rupture de banc avec le système scolaire « classique ». On peut même parler d’incompatibilité avec ce dernier.

Dans ce club, j’ai trouvé les motivations et la volonté de devenir ce que je suis aujourd’hui sous la bienveillance de Roland Champseit.

Cela a été aussi beaucoup de travail et de remise en question. L’éducation que j’ai reçue dans ce lieu d’indépendance m’a inspiré. J’y ai appris des principes qui me guident encore aujourd’hui.

Quelles ont été les étapes fondatrices de ce parcours ?

Mon parcours est le fruit de grandes rencontres humaines et d’opportunités que j’ai su saisir, parfois à l’instinct. À  mes débuts, j’étais très attiré par le reportage social. Mon premier travail abouti en tant qu’auteur portait sur un champs de course, celui de Vincennes.

À cette époque j’étais fasciné, par ce lieu d’argent qui réunissait notables, ouvriers, artistes et personnages en tout genre. Tout ce monde qui se massait autour de la piste et qui se réunissait dans un folklore sans nom et sans discrimination poursuivait le rêve hypnotique de faire fortune grâce à une simple course de chevaux.

Le jeune photographe que j’étais à l’époque y a décelé un sujet. J’ai appelé ce reportage « L’illusion de l’argent facile » et il m’a permit de faire ma première exposition.

Quelles ont été ces rencontres et ces opportunités que vous évoquez ?

Elles ont été multiples et parfois chaotiques mais avec le recul je me rends compte qu’un fil directeur persistait avec le métier de photographe. J’ai été apprenti sellier-bourrier car je souhaitais quitter l’école au sein de laquelle je n’étais pas heureux.

Mais comme la passion pour la photo m’accompagnait au quotidien, j’ai rebondi au sein du laboratoire Publimod Photo toujours comme apprenti. J’y développais des films noir et blanc mais j’ai surtout rencontré certains grands maîtres de la photographie de cette époque.

Des icones comme Edouard Boubat, Guy Lequarrec, etc. Ce fut une révélation. J’ai intégré ensuite l’agence de presse Viva où je gérais des fonds photo pour les journaux. J’y ai cotoyé Claude-Raymond Dytivon qui m’a enseigné les codes de la profession. J’ai appris ce qu’étaient la fonction et l’essence du métier de photographe.

J’ai vécu différentes périodes qui m’ont conduit à devenir photographe indépendant, à enseigner dans mon club photo de cœur, à embrasser la carrière de photographe municipal… Mais j’ai surtout réalisé à cette époque un livre très personnel sur le village de mon père en Kabylie.

J’avais tout juste de quoi m’offrir le billet d’avion et c’est Michel Moreno qui tenait un magasin Phox qui m’a aidé en m’offrant les 50 pellicules dont j’avais besoin et que je ne pouvais pas me payer. Encore une fois la générosité et la grandeur d’esprit d’un homme ont été décisives.

J’ai eu ensuite l’opportunité de partir pour un périple en Amérique du Sud en tant qu’éclairagiste pour des théâtres, une expérience incroyable. Il fallait sans arrêt faire preuve d’ingéniosité. Je me souviens d’une représentation que nous avons illuminée à la bougie, suite à une panne électrique.

Quand je suis revenu, 8 mois après, j’ai suivi des amis de l’Idhec et je me suis confronté au monde de la réalisation en devenant 1er assistant, mais ce fut une expérience éreintante et très dure psychologiquement. Ce n’était pas mon monde !

C’est une vie de roman ?

C’est vrai, c’était un peu chaotique mais toujours en rapport avec l’image ou sa technique. C’était une époque particulière. J’appartiens à la génération «  No futur » donc on vivait ainsi, focalisé sur l’instant présent, avec beaucoup d’insouciance, d’intensité et une folle envie de s’émanciper.

J’ai par exemple longtemps hésité à devenir guide de haute montagne, mais comme j’emportais à chaque cordée mon appareil (et à l’époque c’était une gageure) je me suis dit que ce n’était finalement pas ma voie.

J’ai donc fait de multiples boulots alimentaires jusqu’au jour où un ami m’a permis d’utiliser son studio par hasard. Je n’avais jamais photographié en studio auparavant. Je me suis essayé sans le moindre bagage technique.

J’ai appris sur le tas et je n’ai plus quitté ce lieu de création pure. J’avais trouvé ma voie. Définitivement !

Quel a été le déclic ?

Une nouvelle et belle rencontre. À l’époque j’ai l’opportunité de côtoyer les gens de Paris Match qui cherchait à imposer le modèle de Life Magazine en France. Il s’agissait de réaliser un sujet de huit pages sur des gens qui sortaient de l’ordinaire.

C’est comme ça que j’ai pu réaliser le portait de Mme Rochas. L’image a beaucoup plu au point que j’ai été rapidement mis en contact avec le service de presse de la maison de beauté, qui était dirigé par Martine Buchet.

De là sont survenues des premières commandes en nature morte. Je les réalisais la nuit, dans les magasins, quand il n’y a avait plus personne. C’était une façon de fonctionner originale et inattendue pour l’époque.

Martine m’a ensuite présenté à Prosper Assouline qui était incontournable dans l’univers du luxe via son agence Trilogie Assouline. Et ma vie a changé !

Comment ça s’est passé concrètement ?

J’ai eu un rendez-vous pour présenter mon travail dans un portfolio. J’avais sélectionné uniquement des images de mes différents reportages sauf une qui était une nature morte. Prosper Assouline a semblé ne regarder que celle-là.

Dans la foulée il m’a commandé une série sur des couverts de table. Quand je lui ai montré le résultat, sa réponse a été lapidaire : « Pas intéressant du tout ! ». J’étais abattu.

Mais Prosper Assouline était un homme d’esprit, visionnaire et généreux et, dans la foulée de son verdict, il m’a annoncé que dans la vie tout le monde avait droit à une deuxième chance.

Il m’a commandé une nouvelle série sur des bijoux (haute joaillerie). J’ai beaucoup travaillé jusqu’à imaginer un système de prise de vue avec des bras pour pouvoir photographier ces objets sous un certain angle. Quand je suis revenu lui dévoiler la série, la réponse a tonné « c’est pas mal ! ». Je suis entré dans le monde du luxe grâce à ce grand monsieur.

Ça a du être le grand saut ?

Oui, le luxe est un monde à part fait d’exigence et d’excellence à tous les niveaux. Ce sont des cahiers des charges différents qui ont excité mon goût du défi. L’image est fondamentale et au cœur du processus.

Tout est millimétré pour exprimer l’idée qui gouverne à la création d’un objet et à la signature d’une maison. Même le texte n’est qu’accessoire, au service de cette image, un simple accompagnement.

À ce moment là je travaille pour l’une des plus grandes agences de communication et Florence Moll, qui est mon agent va avoir un rôle décisif dans ma carrière. Les commandes s’enchaînent, dans des domaines très variés.

Vous êtes passé du film au numérique. Quels bouleversements cela a t-il représenté ?

Ils ont été considérables. C’est une autre façon de travailler, plus globale, plus rapide.

En argentique, la construction d’une image prenait une journée entière. Il y avait une longue réflexion et des étapes pour lever de nombreux obstacles techniques que le numérique lèvent avec beaucoup plus d’instantanéité, surtout avec la retouche qui est une partie intégrante de la créativité d’aujourd’hui.

Je fais équipe avec Romuald Habert qui est un vrai artiste. Le fait d’avoir un résultat immédiat bouleverse totalement le processus et influe sur les orientations artistiques d’une production. C’est dommage car par le passé des « erreurs » à la prise de vue amenaient un élan créatif, une idée inspiratrice.

Les limites et l’incertitude du passé n’existent plus. Les outils sont plus nombreux et la finalité de l’utilisation de l’image gouverne les choix.

Est-ce qu’il y a encore une place pour un regard d‘auteur dans ces conditions ?

Oui mais il est confronté à d’autres visions artistiques et à une mise en œuvre séquentielle. Il faut regarder la faisabilité de tous les éléments qui vont constituer cette vision pour trouver une vérité d’image.

J’aime le défi qui se cache derrière la commande d’un client. Il te force à regarder les choses différemment. L’idée ne nous appartient pas, on est au service de cette idée et un des éléments de cette création.

Roland Champseit m’a dit un jour que si je voulais exister en tant que photographe il fallait que je résolve cette équation : quelle est ma vision personnelle du sujet en tant qu’auteur ? Qu’est-ce que veut montrer mon client ? L’image est une réponse universelle où ses deux visions se rencontrent.

La finalité étant que le client soit heureux et content du résultat. Il n’y a que ça qui compte !

Justement pour la couverture de ce numéro nous avons opté pour une photo plutôt originale. Vous pouvez nous raconter les coulisses de cette image ?

C’est une idée de Prosper Assouline pour Harry Winston, un créateur de bijoux à New-York. L’idée était de sortir des codes classiques, de créer une rupture et d’attirer l’attention à travers une image totalement inattendue.

On est sorti des conventions en exploitant l’idée d’une impossibilité : celle qu’un tel animal puisse porter ce type de bijoux. Nous voulions attirer l’attention. Il s’agit d’une grenouille arboricole endémique d’Amérique du Sud dont la pigmentation de la peau, fluorescente, offre déjà un parti pris de couleurs vives et inhabituelles.

Elle sautait dans tous les sens dans le studio et il a fallu s’y reprendre à plusieurs reprises pour avoir la bonne image. Le second défi consistait à photographier 3 bagues de même diamètre mais dont la nature des diamants et le sertissage étaient différents.

Il fallait que cela se voit à l’image. Il y avait donc une exigence absolue dans certains détails pour obtenir une image sobre et explicite. Enfin un photomontage devait effacer totalement la séquence de prise de vue pour avoir la sensation que ce batracien de petite taille porte naturellement ces bijoux.

C’était très osé à l’époque et le concept a très bien fonctionné au point qu’il a été décliné à travers le monde.

Il y a un pan plus personnel dans votre travail à travers la réalisation de multiples publications tout au long de votre carrière. C’est une question d’équilibre ?

Absolument. Je suis très attaché aux livres. Ma fibre, c’est le reportage, l’histoire, les gens, une certaine forme de photo instinctive. Même si je travaille en collaboration avec des éditeurs, le cahier des charges est plus libre. Je suis le dépositaire par mes images de ce que l’éditeur veut raconter.

J’ai mené différents projets qui m’ont permis de m’accomplir dans cette recherche artistique. Il y a un début et une fin et l’histoire vous appartient totalement grâce à vos photos. C’est une grande liberté et une grande marque de confiance pour un auteur.

Je travaille avec Prosper Assouline et Axel Vervoordt. J’y explore des thèmes qui me sont chers comme le reportage, l’architecture ou des concepts esthétiques.

Je pense notamment aux livres que j’ai réalisés sur un festival de voitures anciennes à Portsmouth, sur la route de la soie en Ouzbékistan (by Yaffa Assouline, ou le Wabi, qui consiste à avoir une réflexion sur ce qui est essentiel dans la vie, à gommer ce qui est superflu pour retrouver une certaine forme d’équilibre.

 

 

 

 

Eduardo

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